Il a voulu y croire. L’homme invisible a en effet lancé cette année un one-man show entièrement muet. « J’ai voulu laisser la part belle à l’imagination du public, nous explique l’artiste. On passe tant de temps devant les écrans, on est assailli sans cesse par des bruits tonitruants ou juste parasites. J’avais envie de proposer un moment de repos au spectateur.
Devenir mime pour un homme invisible, c’est un sacré challenge, non ?
Oui, ce n’était pas facile au début, surtout pour convaincre les investisseurs. Ils avaient peur de ne pas rentrer dans leurs frais. Quand des producteurs sont venus aux répétitions, ils n’étaient pas convaincus non plus. Du coup, j’ai tout financé moi-même.
Avez-vous utilisé des accessoires sur scène ?
Non, je voulais vraiment tout faire deviner par le mouvement de mon corps et des mains.
Pas de musique non plus ?
Non non, rien qui puisse distraire le spectateur de l’essentiel. J’ai énormément travaillé et j’étais très fier du résultat, mais le public n’a pas suivi.
Qu’en ont pensé les critiques ?
Ils ont eu plusieurs titres vexants, du type : « Circulez, y a rien à voir, » « Et dire qu’il croit nous en mettre plein la vue, » « Mieux vaut voir ça que d’être aveugle, » « un spectacle qui manque de vision, » etc.
Personne n’a aimé votre spectacle, alors ?
Si, Télérama a fait une bonne critique : « Voilà un homme qui n’a pas peur de se montrer tel qu’il est, qui n’a pas honte du regard des autres. Son spectacle est aussi reposant que rafraîchissant. Et puis, quelle émotion dès la première scène ! » Un spectateur aveugle m’a aussi confié à la fin du spectacle « Merci, c’est décomplexant. »
Quel est votre prochain projet ?
Être figurant dans un film de guerre. Le réalisateur était ravi, je coûte beaucoup moins cher que les autres : pas besoin de costume ni de maquillage.
Vous avez du texte, tout de même ?
Bien sûr. Je crie « Attention, ils arrivent ! » Mais je le fais hors-champ.